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Panique face aux taux hypothécaires

Si 2021 a été synonyme de croissance record pour le domaine immobilier, la fin de l’année s’est également accompagnée d’une inquiétude grandissante face aux taux hypothécaires. Avec une augmentation de près de 0,31% en moins de six mois, l’avenir de l’hypothèque reste incertain. Mais, concrètement, qu’en est-il de l’impact sur les propriétaires ? Résumé de la situation avec Luca Randolfi, Managing Partner de feyn SA, courtier en hypothèque.

Depuis plus de dix ans, les taux d’intérêt n’avaient connu aucune évolution remarquée dans le pays. C’était sans compter sur l’inflation mondiale grandissante de ces derniers mois et le contexte économique et géopolitique international instable qui s’est installé. Une situation complexe qui s’est répercutée, en décembre dernier, par une hausse des taux hypothécaires qui ne cesse de croître depuis lors. Une nouvelle tendance se dessine désormais et pourrait impacter, à plus ou moins long terme, le marché de l’immobilier.
En première ligne, les propriétaires actuels ayant souscrit des hypothèques de longue durée et bientôt à échéance sont les cibles directes de cette augmentation. Bien souvent projet d’une vie, l’achat d’un bien immobilier s’étudie minutieusement et se définit en fonction du taux hypothécaire lors de l’acquisition. Mais l’affaire se corse à échéance du contrat. Si dans un environnement économique « normal », les faibles évolutions permettent aux propriétaires de renégocier leur contrat sans peine, avec une hausse aussi importante et rapide des taux hypothécaires que connaît actuellement le marché, l’enjeu économique se transforme. Comment renégocier avec des taux en hausse si les revenus ne subissent pas la même croissance ? Que dire des propriétaires d’immeubles arrivés à la retraite dont le salaire diminue de 30 à 50% ? En théorie, ces derniers ne pourraient pas renouveler leur hypothèque. Mais pour Luca Randolfi, dans la pratique, les choses ne sont pas si radicales. « Ce type de situation est compliqué pour l’emprunteur d’hypothèque, mais les banques font des calculs très conservateurs lorsqu’elles accordent des crédits et sont, en outre, rarement fermées à la discussion. Le salaire n’est d’ailleurs pas toujours la seule valeur prise en compte. Si malheureusement l’offre pour le renouvellement ne devait pas être favorable, il existerait toujours d’autres institutions ou investisseurs qui n’auraient pas les mêmes critères que la banque initiale. Dans ce genre de cas, il est utile de s’adjoindre les compétences d’un professionnel du secteur. Le marché des taux hypothécaires est loin d’être transparent et, en tant que courtiers en hypothèque, notre rôle est justement d’accompagner ces propriétaires afin de trouver une solution satisfaisante pour les deux parties. »
Deuxième catégorie de victimes collatérales, les personnes qui souhaitaient accéder à la propriété et qui ont, pour certaines, été freinées dans leurs démarches. Là encore, pas de panique ! L’étape la plus importante ? Se renseigner. « Il est primordial de ne pas se précipiter dans les deux-trois banques connues sans faire un tour d’horizon des offres », insiste Luca Randolfi. « Il faut prendre le temps de comparer les propositions. » De nombreux prestataires sont ouverts aux prêts hypothécaires. « Fondations, assurances, caisses de pension, il faut juste savoir où chercher. »


Quelles solutions ?

Mais des alternatives existent. L’héritage anticipé d’abord, une pratique devenu de plus en plus courante ces dernières années. Une « avance » qui peut permettre l’achat d’un bien immobilier ou renforcer la position de négociation. Il existe, en outre, d’autres modèles de financement tels que le Buy to Rent. En l’absence de fonds propres, des investisseurs acquièrent le bien immobilier souhaité et le louent à l’acheteur intéressé. Pendant une période définie, le locataire accumule les fonds propres manquants et reprend finalement le bien immobilier qu’il occupe déjà à un prix fixe.
Malgré la conjoncture, le professionnel se veut rassurant. « La situation est loin d’être catastrophique. La hausse des taux va certainement se poursuivre quelque temps, mais le contexte devrait, à terme, se stabiliser. En matière de densification, la Suisse reste limitée par rapport aux autres pays, ce qui en fait un marché intéressant pour les investisseurs. Je ne me fais pas trop de soucis pour le secteur immobilier. » Les prochains mois seront déterminants.
Les taux hypothécaires connaissent une croissance fulgurante